Panorama 2025 : Le Refuge alerte sur la précarité des jeunes LGBT+

À l’occasion des 10 et 11 octobre, Journée mondiale de lutte contre le sans-abrisme et Journée mondiale du coming-out, la Fondation Le Refuge publie la deuxième édition du Panorama de son Observatoire des vulnérabilités queers, rédigé par Loïc Chave, consacré à la spirale précarisante qui frappe les jeunes LGBT+ en France. La Fondation formule 50 recommandations à l’attention des pouvoirs publics.

Ce rapport, fondé sur les récits des jeunes du Refuge et les données collectées sur le terrain, révèle la réalité alarmante de cette spirale précarisante qui commence par la stigmatisation et se poursuit par des violences physiques et psychologiques, voire incestueuses, ainsi qu’une exclusion familiale, sociale, et une forte dégradation de la santé globale.

De nombreux jeunes LGBT+ sont ainsi confrontés à cet engrenage insécurisant qui débute parfois dans le cercle familial, où ils subissent violences et expulsions du domicile, fragilisant durablement leur état global. À cette vulnérabilité s’ajoute souvent le développement de pathologies psychiatriques dues à la persécution de leur entourage et de la société, renforçant la double peine du rejet et de l’isolement social, avant que les jeunes ne trouvent secours dans l’un de nos dispositifs d’accueils.

Des violences systémiques à l'égard des jeunes LGBT+

Dans ce second Panorama, l’Observatoire des vulnérabilités queers de la Fondation Le Refuge révèle la dimension systémique des violences et difficultés frappant les jeunes pris en charge dans ses dispositifs. Ainsi :

71 % des personnes LGBT+ ont été harcelées à l’école, se traduisant par un décrochage scolaire pour 45% des personnes hébergées par Le Refuge ;
41 % des jeunes du Refuge souffrent de troubles du comportement alimentaire et 30 % d’addictions ;
44 % de ces mêmes jeunes ont renoncé à consulter un médecin ou un psy par peur de discrimination ;
18 % des personnes LGBT+ ont subi des thérapies de conversion, dont 76 % sans consentement ;
⁠24 % des personnes hébergées par Le Refuge ont eu recours au travail du sexe pour pouvoir se loger ;
34% des personnes LGBT+ en France ont eu des idées suicidaires au cours de l’année écoulée. Cela touche particulièrement les personnes trans dont plus de 75 % ont eu des idées suicidaires, dont 1 ado trans sur 2 qui a déjà fait une tentative de suicide.

Les données de ce Panorama mettent en lumière les multiples répercussions de l’homophobie et de la transphobie sur les jeunes LGBT+. Face à ce constat, la Fondation Le Refuge interpelle les pouvoirs publics et formule plusieurs propositions :

Renforcer la formation aux réalités LGBT+ des professionnel·les de la Protection de l’Enfance, des Solidarités et de l’Emploi ;
Créer davantage de places d’hébergement spécialisées pour personnes LGBT+, et en particulier des places d’Hébergement d’Urgence, pour protéger les jeunes des violences homophobes et transphobes qui perdurent notamment dans les dispositifs d’accueil de droit commun ;
Soutenir le développement des dispositifs d’accompagnement en santé mentale et de prévention du suicide, spécifiques aux personnes LGBT+.

Pour Pacôme Rupin, directeur de la Fondation Le Refuge : « Le Panorama 2025 démontre les conséquences dramatiques des discriminations et violences que subissent les personnes LGBT+, sur leur vie en général. Traumatismes, sans-abrisme, stress, risque suicidaire, dégradation de la santé physique et psychique, les impacts sont multiples et Le Refuge se mobilise, souvent avec des moyens limités, pour y faire face. »