« Je suis issu de deux familles aux coutumes différentes : une mère algérienne, musulmane pratiquante, et un père gitan. Jamais une fille ne m’a attiré. Depuis mon plus jeune âge, je savais que j’étais gay.
Bien évidemment, je ne le criais pas sur tous les toits. Quand j’en ai parlé à ma mère, sa réponse a été « c’est harām, mais tu es pardonné, car tu es un bon gamin… ».
Puis, à mes 12 ans, je suis tombé sous le charme d’un jeune homme de 17 ans. Nous sommes restés trois ans ensemble. Il m’a fait vivre un véritable calvaire. Jaloux, je n’avais pas le droit de parler à un autre homme que lui. Il me frappait et m’a fait prendre de la « came » jusqu’à devenir toxico.
À mes 13 ans, j’ai appris que ma mère était atteinte d’un cancer du côlon, les médecins étaient formels : elle allait mourir. Je décide alors de tout arrêter, y compris mes études, pour rester le plus possible à ses côtés. L’école étant obligatoire jusqu’à seize ans, les assistantes sociales et les éducateurs s’en sont mêlés, et la justice m’a placé en famille d’accueil, puis en foyer.
En 2009, j’ai 15 ans, je rentre enfin chez ma mère et, trois mois après, c’est la catastrophe ! Ma mère part rejoindre les anges. C’est à ce moment-là que mon père fait son apparition. C’est le début d’un nouvel enfer : je lui sers de bonniche. Je suis le plus grand de ses enfants, alors je dois m’occuper de mes frères et sœurs, faire le ménage, à manger…
À 18 ans, je décide de faire mon coming-out… Ça n’arrange pas la situation. Mon père commence à me frapper, à m’insulter. Chaque jour les disputes s’enchaînent et plusieurs fois par semaine, nous en venons aux mains. Jusqu’à ce jour où mon père a sorti un fusil de chasse et l’a braqué vers moi en me disant « maintenant dégage, je n’aime pas les PD, les pédales n’ont pas leur place dans cette maison… ».
C’est à ce moment qu’une amie très proche m’a parlé du Refuge. Très craintif, j’ai quand même envoyé un SMS sur la ligne d’urgence. J’ai reçu très rapidement une réponse et une semaine plus tard, j’intégrais la délégation de Lille où la belle équipe du Refuge m’aide jour après jour.
Bien plus qu’une équipe, c’est une famille pour moi ! J’y suis depuis quatre mois, j’ai repris mes études à la fac et j’ai un emploi. Jour après jour, j’essaye de reconstruire ma vie, que je partage aujourd’hui avec quelqu’un. J’ai vingt ans, je n’ai plus aucun contact avec ma famille et ce n’est pas plus mal. Un grand merci à toutes les personnes mobilisées pour nous venir en aide ! ».
Le témoignage que vous venez de découvrir, c’est celui d’Andreas, un jeune effacé, rejeté par ses proches comme malheureusement des centaines d’autres. Chaque année, Le Refuge aide des centaines d’entre eux. Vous aussi, soutenez la Fondation et agissez pour que ces jeunes ne soient plus oubliés par la société.
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