« J’ai compris que j’étais homosexuel quand j’ai eu 18 ans. Un jour où mon copain me ramenait au lycée, j’ai croisé mon oncle. Il est passé à côté de moi et m’a mis un coup d’épaule.
Le lendemain, j’ai reçu un message de ma mère : « J’ai eu ton oncle hier. Il m’a dit qu’il t’avait croisé avec un mec, apparemment vous vous teniez la main. Tu es la honte de la famille, tu es un « PD ». Il faut vraiment que tu ailles en psychiatrie mon fils, tu es un malade mental. Ta grand-mère t’aurait tué si elle était encore vivante. Tu mérites d’aller te faire violer en prison, tu apprendrais ce qu’est la vie. Tu n’es plus mon fils, je te renie. Ne viens même pas sur ma tombe quand je serais morte, je ne veux pas d’un fils « PD ». Toute la famille te reniera, tu mérites de crever en enfer ».
Je n’ai pas osé en parler à ma famille d’accueil, même si je m’entendais bien avec eux, j’avais peur de leur réaction. Mais lorsque ma meilleure amie leur annonça que j’étais homo, ça a changé : je devais rester dans ma chambre, je devais manger en 5 minutes et remonter aussitôt, je devais rentrer le mercredi après-midi à pied (2 heures de trajet, car il n’y avait pas de bus et ils ne voulaient pas venir me chercher), je devais passer mes week-ends hors de chez eux parce qu’ils voulaient être tranquilles… À chaque fois qu’ils parlaient des homosexuels à la télé, j’avais le droit aux insultes : « sale race », « que des « PD », ils n’ont qu‘à s’enculer ! ». Je devais toujours laver mon linge à part, je n’avais plus le droit de passer un peu de temps avec les petits, je ne devais pas toucher le bébé.
En décembre 2012, j’ai été convoqué par mon éducatrice qui m’a annoncé que ma famille d’accueil ne voulait plus de moi et qu’ils me laissaient une semaine pour partir et trouver quelque chose.
Alors j’ai quitté la Normandie et je me suis donc retrouvé chez la maman de mon copain, qui m’a ouvert la porte de chez elle. Ça s’est super bien passé, mais étant nombreux dans l’appartement, elle m’a parlé de la fondation le Refuge.
Le 6 février 2013, j’ai intégré le Refuge. Au début, j’avais peur, mais quand j’ai vu l’équipe, souriante, attentive et rassurante, j’ai fini par comprendre que ça ne serait pas si terrible que ça, et puis les jours ont passé… J’ai trouvé un travail, je me suis rapproché des autres jeunes, des bénévoles. J’ai retrouvé un équilibre, une joie de vivre, une vraie famille.
Le 6 janvier 2014, j’ai pris mon envol, grâce à la fondation. Depuis ce jour, je suis heureux, je me sens bien dans ma vie, et surtout, j’ai une famille que j’adore : le Refuge. Qui sera toujours là pour moi, et moi, je serai toujours là pour eux. »
Le témoignage que vous venez de découvrir, c’est celui de Lucas, un jeune effacé, rejeté par ses proches comme malheureusement des centaines d’autres. Chaque année, Le Refuge aide des centaines d’entre eux. Vous aussi, soutenez la Fondation et agissez pour que ces jeunes ne soient plus oubliés par la société.
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